17 heures dans les entrailles de la Terre
Un sauvetage d'exception s'est déroulé ce dimanche dans les profondeurs de la Chartreuse. Un jeune spéléologue de 26 ans aura passé 17 heures dont 8 sous un éboulis dans une galerie de la grotte du Guiers-Mort à Saint-Pierre-de-Chartreuse avant d'être extrait sain et sauf lundi au petit matin.
L'accident : une exploration qui tourne mal
Dimanche, trois spéléologues expérimentés partent explorer une galerie peu connue dans le but de la documenter pour permettre une localisation précise en cas de futurs secours... Le sous-sol de la Dent de Crolles, fort d'un réseau de plus de 50 kilomètres avec 14 entrées sur trois étages, est de plus en plus fréquenté.
Après une heure et demie de progression, les spéléologues s'engagent dans une galerie, s'enfilent dans des petits boyaux et arrivent au niveau d'une trémie. " C'est un éboulis où l'on peut se glisser en dessous pour passer " explique Tristan Godet, conseiller technique auprès de la Préfecture de l'Isère et membre du Spéléo Secours Isère : "En se glissant dessous, ils ont visiblement déstabilisé la trémie et un des spéléologues s'est retrouvé bloqué sous des cailloux, des chevilles jusqu'au menton. Il n'y avait que le visage qui dépassait. "
Une communication directe avec la surface
Par chance, cette équipe comptait trois personnes sous terre et six en surface. Dans cette trémie, même si les spéléos se trouvaient à une heure et demi de la sortie, ils étaient à seulement 4,50 mètres de profondeur. Un des spéléos, Lionel, avait une radio qui a pu joindre l'équipe en surface. "C'est comme ça qu'il a pu déclencher le secours à distance. On avait des informations en temps réel, on pouvait s'adresser directement avec eux ce qui est relativement exceptionnel en spéléo " précise Tristan Godet.
Une mobilisation sans précédent
La préfecture a déclenché le plan ORSEC dimanche à 14h30. 104 personnes au total sont mobilisées, dont 65 sous terre. Cette mobilisation exceptionnelle s'explique par la complexité de ce type de secours : "C'est un cas un peu unique quand même d'aller extraire quelqu'un qui est coincé sous un éboulis. Il nous fallait des gens expérimentés en désobstruction " explique Tristan Godet.
Techniques de pointe et patience
Les secouristes ont envisagé d'utiliser des explosifs pour agrandir des passages, mais ont finalement opté pour une technique plus sûre : déblayer et étayer en même temps. Ils ont utilisé des "éclateurs de roche" : "On fait des trous et on enfonce des coins en acier ce qui permet de fracturer la roche et petit à petit on peut accéder jusqu'à la tête de la victime." L'objectif crucial était d'éviter l'effondrement. Un système d'étayage a été imaginé sur place à partir de bois et de grillage.
Un travail médical d'exception
" Des médecins spécialisés en secours souterrain ont réalisé un travail remarquable. Ils ont pu accéder à la victime en rampant et poser des perfusions par les jambes, car seule la tête était accessible de l'autre côté " souligne Tristan Godet. Le jeune blessé est resté conscient tout au long de l'opération, maintenu zen par ses équipiers qui ont pratiqué de la sophrologie avec lui. Il souffrait principalement du bras droit et était en hypothermie (il faisait 4-5°C dans la grotte).
Après 4 heures de travail pour l'extraire de sa prison de pierres, il a été placé dans un "point chaud" (tente de survie chauffée) où les médecins ont pris le temps de le requinquer et le réalimenter. Évacué en hélicoptère vers le CHU de Grenoble lundi matin à 7h, le jeune spéléologue va très bien. Hospitalisé pour une semaine de surveillance, il a le sourire et commence à rebouger les jambes. Son bras reste engourdi avec des fourmillements, mais les médecins sont très optimistes sur sa récupération complète. "C'est un jeune sportif, il n'y a pas de raison qu'il ne récupère pas entièrement", confirme Tristan Godet.
Ce sauvetage exceptionnel restera en tout cas dans les annales du Spéléo Secours Isère comme un exemple de coordination parfaite entre professionnels et bénévoles pour sauver une vie dans les profondeurs de nos montagnes.
Découvrez les détails techniques de cette opération de sauvetage hors du commun dans notre JT avec Tristan Godet
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