18 ans après la tragédie de Laffrey : que reste-t-il du drame du car polonais ?
Le 22 juillet 2007, un car transportant des pèlerins polonais de retour du sanctuaire de Notre-Dame-de-la-Salette s'écrasait au bas de la descente de Laffrey, tuant 26 personnes. Dix-huit ans après, retour sur cette tragédie qui a marqué l'Isère et la Pologne, et sur les transformations qu'elle a engendrées.
Un dimanche tragique sur la route Napoléon
Ce dimanche 22 juillet 2007, vers 9h20, un autocar polonais transportant une cinquantaine de pèlerins redescendait la RN85 après un pèlerinage au sanctuaire marial de Notre-Dame-de-la-Salette. Ces fidèles, dont une partie appartenait à la paroisse "Sainte Marie" de Mysłowice en Pologne, s'apprêtaient à rentrer chez eux après avoir vécu un moment de recueillement dans les Alpes.
Dans la descente de Laffrey, réputée pour sa dangerosité avec ses 7 kilomètres de pente à 12% de déclivité, les freins du car lâchent. Le conducteur perd le contrôle du véhicule : l'autocar lancé à vive allure fonce tout droit vers le pont enjambant la Romanche, situé au contrebas de la descente. Le car percute et détruit une partie du parapet, bascule de l'autre côté du pont, plonge dans le ravin, s'écrase au bord de la Romanche et s'embrase.
Le bilan est lourd : 26 morts, dont le conducteur, et 24 blessés, dont 12 en urgence absolue.
Une très vive émotion en France comme en Pologne
Très vite, les riverains proposent leur aide, des Isérois parlant le Polonais se rendent sur place et apportent leur soutien aux blessés. Le Premier Ministre François Fillon est le premier sur les lieux, suivi du Ministre des Transports Jean-Louis Borloo. Le Président de la République Nicolas Sarkozy se rendait dans l'après-midi au chevet des victimes au CHU de Grenoble, avec la ministre de l'Intérieur Michelle Alliot-Marie ministre de l'Intérieur et avec le Président polonais Lech Kaczinsky « Je veux lui dire toute mon émotion et toute notre solidarité. Je remercie tous les personnels médicaux et paramédicaux, les hôpitaux, 24 chirurgiens... tous ont fait un travail remarquable dans des conditions difficiles. Et un mot particulier pour les gens de la région, qui parlent le polonais, qui sont venus faire du soutien psychologique, notamment aux côtés des jeunes enfants. Ils font honneur à la France et heureusement qu'on les a eus. » Le Président polonais déclarait quant à lui : « Nous n'oublierons jamais cette équipe, les chirurgiens, anesthésistes... nous n'oublierons jamais leurs efforts. »
Une route maudite aux multiples drames
La descente de Laffrey n'en était pas à son premier accident mortel. Cette portion de la route Napoléon, située à flanc de falaise, était déjà tristement célèbre pour sa série d'accidents impliquant des autocars de pèlerins : 1946 (18 morts), 1973 (43 morts avec un car de pèlerins belges), et 1975 (29 morts avec un car de pèlerins français).
L'accident de 2007 marque un tournant : les autorités décident de prendre des mesures drastiques pour sécuriser cette route. Le drame est déclaré "cause nationale" et mobilise toutes les attentions sur les aménagements nécessaires.
Des mesures immédiates puis des travaux de long terme
Dans les semaines suivant l'accident, les autorités mettent en place des mesures d'urgence. Une infrastructure de contrôle est installée en amont de la descente pour interdire l'accès à certains véhicules, notamment les autocars et poids lourds ne respectant pas les critères de sécurité. Cette mesure provisoire vise à prévenir de nouveaux drames en attendant des aménagements plus durables.
Parallèlement, un vaste programme de sécurisation de la descente de Laffrey est lancé. Les travaux définitifs, débutés en 2019, se sont achevés en septembre 2024, soit 17 ans après le drame.
Les principales réalisations comprennent :
La création d'un lit d'arrêt en aval de la descente, dispositif crucial pour les véhicules lourds en cas de défaillance du freinage,
L'aménagement d'une aire de contrôle d'accès élargie pour permettre l'arrêt sécurisé des poids lourds, orientés vers un itinéraire de délestage par la RD 529.
La mise en place de systèmes de surveillance et de contrôle renforcés,
Des travaux de sécurisation de la falaise pour prévenir les chutes de blocs.
Ces aménagements, financés à hauteur de plusieurs millions d'euros, ont nécessité une mobilisation technique importante, avec notamment des interventions nocturnes pour minimiser la gêne aux usagers.
Un bilan d'accidentologie transformé
Depuis 2007, aucun accident mortel majeur impliquant un autocar n'a été recensé sur la descente de Laffrey. Cette amélioration spectaculaire contraste avec la série noire des décennies précédentes qui avait fait de cette route l'une des plus dangereuses de France pour les cars de tourisme. Les incidents récents se limitent désormais à des problèmes techniques isolés, comme l'incendie d'un poids lourd en janvier 2025 qui a nécessité une fermeture temporaire de six heures, mais sans faire de victime.
Le poids de la mémoire
Dix-huit ans après, la tragédie de Laffrey reste gravée dans les mémoires locales et polonaises. Le drame a marqué un tournant dans la prise de conscience des autorités françaises sur la nécessité de sécuriser les infrastructures routières, particulièrement pour les transports collectifs.
La route Napoléon, qui continue d'être empruntée par de nombreux cars de tourisme, est aujourd'hui mieux équipée pour prévenir de tels drames. Les leçons tirées de cette tragédie ont permis d'améliorer la sécurité routière bien au-delà de la seule descente de Laffrey.
L'accident de Laffrey demeure l'un des accidents de car les plus meurtriers de l'histoire en France.
Photo 1 - Le car calciné gît au bord de la Romanche
Photo 2 - Un long lit d’arrêt permet de ralentir puis stopper un véhicule en détresse grâce à une épaisse couche de graviers
Photo 3 - 18 ans après, le lieu de l'impact, renforcé par plusieurs niveaux de protection
Photo 4 - La dernière ligne droite, au bas de la descente de Laffrey, renforcée par un lit d'arrêt en aval
Photo 5 - En amont de la descente, les véhicules non autorisés doivent emprunter un itinéraire de délestage par la RD 529
Photo 6 - Les voies sont séparées avant l'aire de contrôle
Photo 7 - La signalisation a été renforcée en amont
Photo 8 - Nicolas Sarkozy s'exprime aux côtés du Président polonais Lech Kaczinsky, après s'être rendus au chevet des blessés, dans l'après-midi qui a suivi le drame
Photo 9 - Arrivée du Président Sarkozy au CHU de Grenoble le 22 juillet 2007, ici avec le ministre des Transports de l'époque Jean-Louis Borloo
Photo 10 - Le parapet avait été en partie détruit par l'impact du car avant sa chute dans le ravin
Revoir ici notre édition du CAP'INFO au lendemain du drame, avec images et réactions :
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