Coup de filet à Saint-Martin-d’Hères : 14 kilos de drogue saisis en une journée aux Terrasses Renaudie

Le lundi 24 novembre, une opération coup de poing menée par 150 policiers a permis de porter un coup dur au point de deal des Terrasses Renaudie, à Saint-Martin-d’Hères.

Plus de 14 kilos de stupéfiants, des milliers de paquets de cigarettes, des armes et plus de 100 000 euros d’avoirs criminels ont été saisis. Sept hommes, soupçonnés d’animer cette “place de deal emblématique de l’agglomération grenobloise” ont été déférés devant un juge en vue d'être mis en examen. Le parquet de Grenoble et la police pointent aussi clairement la responsabilité des consommateurs, qui financent cette économie violente.

14 kilos de drogue, armes et cash saisis

C’est l’aboutissement d'une enquête débutée à l'été. Le lundi 24 novembre, les policiers frappent fort à Saint Martin d'Hères et dans plusieurs lieux de l'agglomération jusqu'à Voiron pour atteindre le quartier des Terrasses Renaudie à Saint-Martin-d’Hères, identifié comme un point névralgique du trafic de stupéfiants dans la métropole grenobloise.

Au cours de la vingtaine de perquisitions menées, les enquêteurs saisissent : 6,2 kilos de cocaïne, 7 kilos de résine de cannabis, 1 kilo d’herbe de cannabis, ainsi que plus de 2000 paquets de cigarettes contrefaites et de contrebandes, 5 armes à feu de catégorie B, 2 fusils à air comprimé, de nombreuses munitions de calibre 9 mm, un gilet pare-balles. Sur le plan financier, la perquisition est tout aussi éloquente : 32 000 euros en espèces sont trouvés, 4500 euros supplémentaires sont saisis sur des comptes bancaires, des avoirs patrimoniaux (quatre voitures, quatre trottinettes électriques de grosse cylindrée, une moto électrique, vêtements de luxe, mobilier, parfums…) d’une valeur estimée à près de 70 000 euros sont également confisqués.

Pour le procureur de la République de Grenoble, Étienne Manteaux, cette opération illustre la montée en puissance des réseaux de narcotrafic : « C’est un signal préoccupant qui montre cette montée en puissance de la violence chez les narcotrafiquants, qui sont de plus en plus armés sur les places de deal. » 

Des moyens exceptionnels

Sous la direction du directeur interdépartemental de la police nationale de l’Isère, Jérôme Chappa sont mobilisés à Saint Martin d'Hères et d'autres communes visées, 150 effectifs de police, 3 colonnes de l’unité d’élite du Raid, la CRS 83, (certains objectifs étant considérés comme dangereux), et 8 chiens de recherche,

Au total, douze personnes sont interpellées. Sept hommes, âgés de 22 à 40 ans, “identifiés comme principaux protagonistes”, doivent être mis en examen. Le parquet a requis le placement en détention provisoire pour six d’entre eux. Quatre sont en récidive légale, déjà condamnés pour trafic de stupéfiants. Le plus âgé, présenté comme le gérant du point de deal, affiche 30 condamnations sur son casier judiciaire.

15 septembre : un tir accidentel qui révèle un stock massif

Rue du Taillefer à Saint-Martin-d’Hères, un jeune de 19 ans décide de “tester” une arme à feu qu’il stocke pour des dealers dans son appartement. La balle traverse la cloison et manque de peu de toucher l’étudiant voisin. Les policiers découvrent alors, chez cette “nourrice” depuis condamnée à 3 ans de prison dont 2 avec sursis probatoire : 11,6 kilos de cocaïne, 9,5 kilos de résine de cannabis, 2 kilos d’herbe de cannabis. Ce premier coup de filet, survenu presque par accident, confirme l’ampleur du réseau et conduit les enquêteurs à resserrer l’étau sur les Terrasses Renaudie, jusqu’à l’opération coordonnée du 24 novembre.

33 kilos de stupéfiants au total : près de 860 000 euros de valeur marchande

En additionnant les saisies du 15 septembre et du 24 novembre, le bilan est spectaculaire. Les enquêteurs ont saisi presque autant de cocaïne que de résine de cannabis. "Une particularité grenobloise" selon le procureur.  Au-delà des chiffres, Étienne Manteaux insiste sur l’origine de l’argent qui fait tourner cette économie : les consommateurs.

« La cocaïne, aujourd’hui, c’est la drogue de gens tout à fait insérés, c'est vos voisins »

Avec un prix du gramme de cocaïne autour de 50 euros, il s’agit d’un produit consommé par des personnes disposant de revenus .Le directeur interdépartemental de la police nationale, Jérôme Chappa, et le commissaire Jordan Courby, chef du service local de police judiciaire de Grenoble, rappellent que ces clients financent directement les réseaux. Et le patron de la police d'enfoncer le clou : « L’arme qui a servi à tirer sur le jeune de 14 ans à proximité d'un point de deal dans quartier Chorier de Grenoble, a été payée par les consommateurs. » Selon le Procureur, l'adolescent serait sorti du coma mais toujours hospitalisé au CHU. Il pourra être entendu par les enquêteurs lorsque les médecins l’y autoriseront.

« Enlever de la puissance à ces groupes criminels »

Pour Étienne Manteaux, l’objectif est clair : démanteler les points de deal, saisir drogue, cash, armes et patrimoine, c’est “enlever de la puissance à ces groupes criminels” et éviter la bascule vers une dérive mafieuse. Le schéma de cohérence territoriale piloté par Jérôme Chappa prévoit déjà d’autres opérations de ce type dans les quartiers sensibles de l’agglomération grenobloise.