Fontaine expérimente l'occupation citoyenne contre le trafic de drogue

Une approche inédite face aux points de deal ! Face à l'escalade du trafic de drogue dans la métropole grenobloise, Franck Longo, maire de Fontaine, a lancé une expérimentation unique en France : l'occupation physique des points de deal par des élus, policiers, associations et habitants.

Un contexte alarmant
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : la métropole grenobloise compte 19 points de deal, chacun pouvant rapporter entre 3 et 11 millions d'euros par an. À Fontaine, trois fusillades ont été enregistrées depuis septembre, avec des épisodes récents en avril et mai.

L'échec des méthodes traditionnelles
Malgré des investissements conséquents - renforcement des effectifs de police municipale de 30%, installation de 70 caméras supplémentaires pour 1 million d'euros, création d'une brigade canine, extension des horaires de police municipale jusqu'à minuit et le dimanche - les fusillades ont continué.

"Force est de constater que malgré tous ces moyens humains, matériels, techniques et surtout financiers, nous avons eu ces derniers mois de nouvelles fusillades", explique le maire.

Une mobilisation collective inédite
L'opération, menée du 14 au 24 mai, a mobilisé élus (avec leurs écharpes tricolores), policiers municipaux et nationaux, associations, habitants et bailleurs sociaux. De 16h à 20h, ces équipes ont occupé physiquement les points de deal habituels.

"On a eu l'idée un petit peu de la dernière chance d'aller nous-mêmes, les élus, avec les policiers municipaux, accompagnés par les policiers nationaux", détaille Franck Longo.

Des résultats encourageants
Le bilan des 10 jours d'opération s'avère positif :
●  Aucun deal constaté sur les points habituels
●  40 procès-verbaux dressés (non liés au trafic)
●  5 arrestations pour menaces et autres délits
●  Pacification de tout le secteur surveillé

"Les gros points de trafic habituels avec les dealers présents H24 ont disparu, notamment aux deux arrêts de tram qui étaient les points noirs pour Fontaine", se félicite le maire.

Au-delà de l'occupation : l'aménagement urbain
L'approche ne se limite pas à la présence humaine. La municipalité travaille également sur l'aménagement des espaces : fermeture d'accès à certains parkings, sécurisation des halls d'immeubles, ascenseurs, cages d'escaliers et boîtes aux lettres.

"Si on veut demain anéantir les points de deal, il faut aussi qu'on puisse travailler sur ces endroits et ces cachettes qui leur permettent de trafiquer sereinement", souligne l'élu.

Une méthode qui fait école
Cette expérimentation fontainoise a attiré l'attention nationale. Plusieurs maires d'autres communes françaises ont contacté Franck Longo, et quelques-uns ont déjà repris l'idée de "prendre l'écharpe" pour occuper leurs propres points de deal.

"C'est un fléau national, on ne peut pas laisser la police nationale toute seule. Si nous, déjà sur le terrain, on ne se mobilise pas, c'est sûr que ça ne peut pas marcher", conclut le maire de Fontaine.

L'opération, initialement prévue pour 10 jours, semble avoir trouvé son rythme de croisière avec une mobilisation qui se poursuit au-delà de la période test.

Lien vers l'émission