Juillet 2013 : 20 ans après, le meurtrier de 2 fillettes identifié à Voreppe
Deux enfants tués à cinq ans d’intervalle, une enquête restée longtemps sans issue, et l’ADN qui finit par parler. Retour sur une double affaire criminelle qui a bouleversé l’Isère.
Un suspect interpellé après 20 ans de silence
C’est une infraction routière anodine qui relance toute l’affaire. En décembre 2005, Georges Pouille est contrôlé pour conduite sous stupéfiants et défaut d’assurance. Son ADN est alors versé au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG). Huit ans plus tard, en mars 2013, une expertise génétique de la dernière chance ordonnée par la juge d'instruction Catherine Léger fait apparaître une correspondance avec les scellés des meurtres de deux fillettes à Voreppe.
Le 23 juillet 2013, Georges Pouille est interpellé à son domicile par les gendarmes de la section de recherches de Grenoble. À 37 ans, ce père de famille est mis en examen pour le meurtre de Saïda Berch (1996) et l’assassinat et la tentative de viol de Sarah Syad (1991). « C'était l'expertise de la dernière chance. Nous en avons eu », souligne alors le procureur Jean-Yves Coquillat.
Deux crimes, un même quartier, cinq ans d’écart
Le 16 avril 1991, Sarah Syad, 6 ans, disparaît alors qu'elle joue à proximité de son immeuble à Voreppe. Son corps est retrouvé dès le lendemain dans un bois proche. Elle a été violée et étranglée. Près d'elle, les enquêteurs retrouvent des mouchoirs roulés en boule, porteurs d’ADN et d'une empreinte digitale. Mais à l’époque, ces indices ne permettent pas d’identifier de suspect.
Le 24 novembre 1996, à nouveau à Voreppe, Saïda Berch, 10 ans, disparaît sur le chemin du gymnase. Deux jours plus tard, elle est retrouvée étranglée au bord d’un canal, étranglée avec son propre sweat-shirt. Des témoins évoquent un jeune homme circulant en VTT gris clair, vu avec elle juste avant sa disparition. Les enquêteurs relèvent plus de 1 000 empreintes digitales, sans réussir à résoudre l’affaire.
Dès 1996, un rapprochement entre les deux dossiers est opéré, les lieux et les modes opératoires étant très similaires. Mais les affaires sont clôturées faute de preuves, respectivement en 1997 et 1999.
Le déclic de l’ADN en 2013
Dans les années 2000, les procédures sont rouvertes, et les scellés d’époque envoyés dans un laboratoire spécialisé à Bordeaux. En mars 2013, les progrès scientifiques permettent de confondre un suspect : Georges Pouille, qui avait été brièvement entendu en 1996, mais dont les empreintes n’avaient jamais été relevées.
À l’époque des faits, il vivait à proximité des deux victimes. Il avait 15 ans et demi lors du meurtre de Sarah, 21 ans lors de celui de Saïda. Son ADN est retrouvé sur le chemisier de Sarah ainsi que sur les mouchoirs abandonnés sur les lieux du premier crime.
Garde à vue : dénégations, puis aveux partiels
D'abord, Georges Pouille nie les faits et jure « sur la tête de son fils ». Puis il livre plusieurs versions confuses. Il dit avoir vu Sarah déjà morte, entourée de deux hommes. Il évoque un "coup de folie", et plus tard, affirme que "le diable est entré en [lui]". Il reconnaît s’être masturbé au-dessus du corps, sans vouloir tuer. Il reste silencieux sur Saïda.
Double condamnation en 2016
Mars 2016, Georges Pouille est condamné à 30 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de l’Isère pour le meurtre de Saïda Berch. Quelques mois plus tard, en juillet 2016, il est à nouveau jugé, cette fois à huis clos devant un tribunal pour enfants, car il avait 15 ans au moment des faits. Il est reconnu coupable de l’assassinat et de la tentative de viol de Sarah Syad et condamné à 13 ans de réclusion.
Lors des procès, Georges Pouille reste peu loquace, affecté par la maladie de Steinert, une pathologie musculaire dégénérative. Les experts psychiatres évoquent une altération du discernement, mais pas une abolition du contrôle de ses actes.
Une affaire résolue, d’autres toujours ouvertes
Le dénouement de l’affaire Sarah et Saïda a marqué un tournant dans les "disparus de l’Isère", une série noire qui a touché la région entre 1983 et 1996. En 2008, le parquet général de Grenoble a regroupé ces dossiers, dénommés "Les disparus de l'Isère". Les investigations alors menées par la cellule de la gendarmerie "Mineurs 38" ont permis d'écarter l'hypothèse d'un tueur en série pour "l'ensemble" des meurtres ou disparitions de cinq filles et de quatre garçons, alors âgés de 5 à 16 ans. Mais elles n'ont pas écarté l'idée d'un auteur commun pour certains meurtres. Sept affaires, parfois très similaires, restent non élucidées :
17 mars 1983 : Ludovic Janvier, 6 ans, disparu à Saint-Martin-d’Hères.
9 juillet 1983 : Grégory Dubrulle, 8 ans, enlevé à Grenoble. Il survit.
27 juin 1985 : Anissa Ouadi, 5 ans, disparue à Grenoble. Son corps est retrouvé.
8 juillet 1987 : Charazed Bendouiou, 10 ans, disparue à Bourgoin-Jallieu.
2 août 1988 : Nathalie Boyer, 15 ans, égorgée à Saint-Quentin-Fallavier.
13 janvier 1989 : Fabrice Ladoux, 12 ans, enlevé et tué à Grenoble.
19 juillet 1996 : Léo Balley, 6 ans, disparu dans le massif du Taillefer. Jamais retrouvé.
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