La Bérarde : quel avenir un an après la catastrophe ?

Un an après la catastrophe survenue dans la nuit du 20 au 21 juin 2024, qui a dévasté le hameau de La Bérarde, Jean-Louis Arthaud, maire de Saint-Christophe-en-Oisans, dresse un état des lieux de la situation actuelle et des perspectives pour cette destination emblématique des Écrins.

Accessibilité et sécurité
L’accès au cœur de La Bérarde reste strictement réglementé en raison de bâtiments endommagés menaçant de s'effondrer. Seuls les habitants peuvent y pénétrer brièvement pour l'entretien de leurs biens, sans y résider. La zone est encore plus surveillée depuis la montée des eaux du lac glaciaire de Bonne-Pierre, dont la vidange soudaine reste un risque majeur. En revanche, les sentiers menant aux vallées environnantes restent accessibles.

Mise en place de navettes gratuites
Un système de navettes a été instauré fin mai par la Région, à raison de trois trajets par jour les week-ends, puis de sept quotidiens dès le 5 juillet. Ces navettes, gratuites mais à capacité limitée (33 places), visent à désenclaver la vallée tout en respectant les interdictions de circulation automobile, en vigueur pour les non-résidents. 

Réhabilitation des infrastructures
La route d’accès, en partie détruite lors de la catastrophe, est en reconstruction. Les travaux sont quasiment achevés sur la partie basse - l'enrobé sera posé la semaine prochaine - tandis que ceux en amont, sur la commune de Saint-Christophe, se poursuivent.

Conséquences économiques
Le maire rappelle que 2024 a été une "année blanche" pour le tourisme local. Cette année, bien que la situation soit encore compliquée, l'objectif est de sauver la saison touristique, notamment pour les commerces hors de la zone sinistrée. Les refuges de montagne, très affectés l’an passé, ont été partiellement indemnisés grâce à un fonds basé sur le chiffre d’affaires antérieur. Ce dispositif est reconduit en 2025.

Réouverture progressive et initiatives locales
Les refuges au-delà de La Bérarde ouvrent ce week-end et fonctionneront pleinement à partir de juillet. Un accueil touristique temporaire sera assuré dans le bâtiment de l’ancien camping municipal, mis à disposition d’Oisans Tourisme et du PGHM, afin d’assurer présence, sécurité et information.

Reconstruction et avenir du hameau
La reconstruction à l’identique est exclue, certaines maisons ayant totalement disparu. Le maire souhaite néanmoins préserver le cœur du village non impacté, ce qui nécessitera des ouvrages techniques lourds pour sécuriser les lieux, ainsi que des financements encore à définir. Le site n’est pas totalement surveillé, sauf le lac de Bonne-Pierre, désormais équipé de capteurs pour prévenir une nouvelle vidange brutale. Ce phénomène, connu des autorités depuis une décennie, s’est aggravé en 2024 sous l’effet d’une fonte exceptionnelle du manteau neigeux, signe clair des effets du changement climatique.

Une montagne qui change
Enfin, Jean-Louis Arthaud souligne que le réchauffement climatique modifie profondément la pratique de la montagne. Les grandes courses d’alpinisme se réalisent désormais dès mai-juin, avant que les chaleurs de l’été ne rendent les conditions trop dangereuses.

Retrouvez l'intégralité de cet entretien exclusif avec Jean-Louis Artaud dans le JT de Télé Grenoble du 18 juin 2025.