La Bérarde : récit d’un sauvetage héroïque au cœur de la crue dévastatrice
Le 12 novembre 2025, Damien Fillon, membre de la CRS Alpes basée à Grenoble, a reçu la médaille de l’engagement lors d’une cérémonie placée sous l’égide du ministère de l’Intérieur. Une distinction qu’il accueille avec modestie : « Je n’étais pas seul. Cette médaille, c’est aussi celle de mes collègues et de l’équipage du Dragon 38. Je ne suis que le bout de la lance », explique-t-il dans l'émission "Le +".
Une nuit de crue jamais vue dans la vallée
Le 21 juin 2024 restera gravé dans la mémoire du brigadier-chef spécialisé dans le secours en montagne. Ce jour-là, il se retrouve en première ligne d’un sauvetage aussi périlleux qu’inattendu, au cœur de la catastrophe qui a ravagé la vallée du Vénéon et le village de la Bérarde, à Saint-Christophe-en-Oisans.
Tout commence vers une heure du matin. Les secours sont alertés : le Vénéon déborde et submerge le pont du village, un événement déjà observé par le passé. La mission semble alors simple : évacuer une centaine d’habitants coincés entre les deux rives. Mais dès le survol de la vallée, le brigadier-chef comprend que la situation n’a rien de comparable. « En 20 ans dans la région, je n’avais jamais vu ça. C’était le Mékong », raconte-t-il. La rivière gonflée d’eau boueuse, les affluents en crue, les maisons qui s’arrachent, les voitures emportées… À l’arrivée à La Bérarde, les secours découvrent un village plongé dans le chaos.
Une maison assiégée par la lave torrentielle
Heureusement, les militaires du PGHM déjà sur place ont évacué la quasi-totalité des habitants sur les berges. Mais très vite, une inquiétude s’élève : deux personnes manquent à l’appel. Les secours identifient une maison isolée, dans laquelle pourraient se trouver ces personnes. Seul le toit émerge encore mais il est en tôle et donc impossible à percer sans matériel adapté. L’équipage tente une rotation jusqu’aux Deux-Alpes pour récupérer une disqueuse… en vain.
Pendant ce temps, la crue évolue. Le courant dévie, percute la maison et arrache une partie du toit, ouvrant un accès inattendu. Les sauveteurs saisissent l’opportunité. Armé d’une simple massette trouvée dans le village, Damien Fillon se fait déposer sur le toit. « Je pensais juste faire un trou, vérifier s’il y avait des victimes, et repartir pour que le câble de treuillage ne s’abîme pas avec les vibrations. » En agrandissant l’ouverture, il découvre un couple encore vivant, accroché à une poutre tandis que la rivière traverse littéralement la maison. « Ils criaient au secours. À partir de là, impossible de reculer. »
Un sauvetage à mains nues, suspendu au-dessus du vide
Pour atteindre les victimes, le brigadier-chef s’agrippe à la tôle comme à une prise d’escalade : main sur une nervure, talon crocheté sur une autre. Il enfile les harnais de treuillage aux deux personnes, puis leur indique qu’il faudra sauter vers lui, par l’ouverture béante. « Ils devaient sauter au-dessus de la rivière. Je les attrapais à bout de bras, et deux mètres en dessous, il y avait un siphon. Si je lâchais… c’était fini. »
L’un après l’autre, les deux rescapés bondissent dans le vide. Damien Fillon les hisse sur le toit, où le mécanicien du Dragon 38 parvient à envoyer la boule de treuillage. Les victimes sont évacuées l’une après l’autre, quelques minutes avant que la maison ne disparaisse sous les flots et les éboulis. « Entre le moment où je suis descendu et celui où je suis remonté, il s’est passé sept minutes. C’est très court, mais on n’avait pas plus de marge : une autre maison au-dessus s’est effondrée, et tout a été recouvert ensuite. »
“Un truc à ne pas refaire trop souvent”
À peine les victimes sauvées, les rotations reprennent. Trois hélicoptères sont mobilisés pour évacuer l’ensemble du village et vérifier les refuges de la vallée. « On a enchaîné six à huit heures de vol derrière. » Ce n’est qu’une fois posé à l’Alpe d’Huez que la tension redescend. « Des collègues m’ont dit que j’étais tout blanc. J’ai réalisé que je venais de faire un truc… qu’on ne peut pas faire tous les jours. »
Le couple sauvé, deux ressortissants belges, a survécu sans séquelles. Contrairement aux habitudes dans les secours en montagne, sauveteurs et rescapés se sont revus. « C’était trop particulier. On a partagé un repas un mois après, puis de nouveau lors de la remise de médaille. On se donne des nouvelles. Ce sont des liens forts, qui resteront. »
⤵️ Le témoignage poignant de Damien Fillon à retrouver dans l'émission "Le +"
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