La décapitation d'un patron isérois qui a bouleversé la France
Il y a 10 ans jour pour jour, l'Isère était le théâtre d'un attentat terroriste islamiste particulièrement sordide avec l'assassinat et la décapitation d'un chef d'entreprise par un salarié radicalisé. Retour sur ce drame qui a marqué un tournant dans la lutte antiterroriste et la détection de radicalisation en France.
L’attentat du 26 juin 2015
Le 26 juin 2015, vers 9h50, un attentat se déroule sur le site de production de gaz d’Air Products à Saint‑Quentin‑Fallavier. Le suspect, Yassin Salhi, âgé de 35 ans, chauffeur-livreur depuis mars 2015 dans une entreprise de transport, a prémédité son action : la veille, il achète deux drapeaux portant la chahada, la profession de foi islamique, et repeint une arme factice, appartenant à son fils, imitant un fusil à pompe.
Le jour de l'attentat, muni de ces objets et d'un couteau, il se rend sur son lieu de travail avec son utilitaire qui contient des bouteilles de gaz. Vers huit heures, prétextant un motif fallacieux, il fait monter son employeur dans sa camionnette et l'assomme d'un coup de cric, puis l'étrangle d'une seule main, selon ses dires. Il repart et, 500 mètres avant d'arriver à l'usine d'Air Products, il s'arrête, va à l'arrière de la camionnette et décapite son patron, Hervé Cornara (54 ans). Il accroche ensuite sa tête au grillage, entourée de drapeaux et d’inscriptions en arabe.
Il tente ensuite de provoquer une explosion en fonçant avec la camionnette sur des bonbonnes de gaz. Salhi est heureusement maîtrisé par deux pompiers et interpellé sur place. Selon les autorités, en cas d'explosion sur ce site classé "Seveso", il y aurait pu y avoir des milliers de morts. « C’est le seul cadavre de ma carrière qui m’a fait cauchemarder » confie, au Dauphiné Libéré, l'ancien commandant de gendarmerie de Bourgoin-Jallieu.
Un terroriste sans casier judiciaire
Yassin Salhi, père de famille sans casier judiciaire avait été fiché S entre 2006 et 2008 pour radicalisation salafiste, avant de faire l’objet d’un suivi sporadique jusqu’en 2014. Selon lui, l’acte serait une vengeance personnelle, après un différend avec son patron deux jours plus tôt. Mais le parquet antiterroriste considère la mise en scène (drapeaux, selfie macabre envoyé à un djihadiste), les tentatives de double explosion et son allégeance à Daech comme des motivations terroristes.
Une vague d'émotion en France
Le président François Hollande coupe sa participation au sommet européen à Bruxelles pour organiser un Conseil de défense à Paris. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Bernard Cazeneuve, se rend sur place. Le plan Vigipirate est élevé au niveau “alerte attentat” pendant trois jours dans la région Rhône‑Alpes. Des centaines de personnes se rassemblent pour une minute de silence suivie de la Marseillaise à Saint‑Quentin‑Fallavier. Des dirigeants religieux, dont le recteur de la grande mosquée de Lyon, condamnent fermement l’acte.
Un suicide qui met fin à l'enquête
Mis en examen pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste, Salhi est détenu à Fleury‑Mérogis. Des proches (épouse, sœur) sont interpellés pour aide ou complicité. Un homme est plus tard condamné pour avoir diffusé la photo macabre de la victime. En prison, Salhi se suicide le 22 décembre 2015, stoppant ainsi toute possibilité de procès et laissant les proches à jamais sans réponse. Le 18 mars 2016, Hervé Cornara reçoit la Légion d’honneur à titre posthume. Les 80 salariés de son entreprise seront suivis par des psychologues durant plusieurs années.
L’attentat de Saint‑Quentin‑Fallavier du 26 juin 2015 marque un tournant dans les modes d'action des terroristes avec un acte individuel réalisé avec peu de moyens, emblématique du « passage à l’acte » de djihadistes solitaires. Il provoque une prise de conscience nationale, des ajustements législatifs, l’accentuation de la surveillance, et incite à un engagement accru dans la lutte antiterroriste et la détection de radicalisation. Dix ans plus tard, cet événement demeure un jalon important dans l’histoire terroriste récente de la France, tant pour ses erreurs que pour les leçons qu’il a révélées.
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