Quand Grenoble célébrait l’innovation… et le racisme

Pour le centenaire de l’Exposition internationale de la Houille Blanche et du Tourisme, Grenoble propose une programmation dédiée à la mémoire coloniale. Du 20 août au 30 septembre, la Maison Internationale de Grenoble accueille l’exposition « L’invention du sauvage », conçue par la Fondation Lilian Thuram et le Groupe de recherche ACHAC. Trois panneaux de l’exposition se penchent sur le fameux “village africain” installé à l’occasion de l’Exposition de 1925.

Quand Grenoble célébrait l’innovation… et le racisme
L’Exposition de 1925, qui s’est tenue du 21 mai au 25 octobre, mettait en avant les progrès industriels et touristiques. La tour Perret, les fontaines lumineuses et les pavillons internationaux attiraient les foules. Mais au détour des allées, les visiteurs découvraient une autre attraction : un village africain et un souk du Maghreb, avec des personnes de couleur jouant des scènes stéréotypées.

Un “zoo humain” dans la capitale des Alpes
Le maire Paul Mistral et le ministre des Colonies Léon Perrier avaient soutenu cette initiative, inspirée par le succès des expositions coloniales, comme celle de Strasbourg en 1924. Les individus exhibés étaient présentés comme des sous-hommes, voire comme des animaux. La mise en scène européenne les obligeait à se conduire comme tels tant qu'ils étaient exposés, sous peine d'amende retenue sur leur solde. On les transportait d'exposition en exposition dans des wagons à bestiaux, comme des marchandises... Jérôme Soldeville, conseiller municipal délégué à l’Histoire, parle d’un “zoo humain”, un spectacle colonial destiné à divertir et à légitimer l’idée de la supériorité occidentale.

Une mémoire critique pour aujourd’hui
Si ces pratiques étaient courantes à l’époque, elles contribuaient à ancrer des stéréotypes raciaux persistants. Grenoble assume aujourd’hui cette mémoire critique. L’exposition permet de déconstruire les imaginaires coloniaux, de réfléchir aux mécanismes de discrimination et de mieux comprendre l’Histoire de la ville. Cette démarche s’inscrit dans la continuité des initiatives locales sur la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.

Regarder le passé pour comprendre le présent
Revisiter cet épisode de l’Exposition de 1925 offre aux Grenoblois et aux visiteurs une occasion unique de réfléchir sur le rôle de l’Histoire dans la société contemporaine. Entre innovation industrielle et spectacles racistes, le centenaire de l’Exposition invite à ne rien oublier, à interroger nos héritages et à éduquer les générations futures.

👉 Exposition à découvrir gratuitement du 20 août au 30 septembre à la Maison Internationale de Grenoble - une conférence de Pascal Blanchard, commissaire de l’exposition, aura lieu le 22 septembre à 18h à l’Auditorium du Musée de Grenoble.