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Sandrine Béranger, l'Iséroise qui a conquis le monde du raid aventure
Sandrine Béranger, l'Iséroise qui a conquis le monde du raid aventure
02/06/2025

Sandrine Béranger, l'Iséroise qui a conquis le monde du raid aventure

Sandrine Béranger, la Française qui a conquis le monde du raid aventure
Après 20 ans d'attente, une équipe française a enfin remporté les championnats du monde de raid aventure. Sandrine Béranger et ses trois coéquipiers de l'équipe "400 Team" ont décroché le titre en Équateur en novembre dernier, dans des conditions extrêmes qui ont testé toutes leurs limites physiques et mentales.

Portrait d'une championne polyvalente

Sandrine Béranger incarne parfaitement l'esprit du raid aventure : une sportive complète qui excelle aussi bien en ultra-trail qu'en disciplines techniques. Grenobloise, ayant fait de l'Échappée Belle - un trail réputé très technique dans la chaîne de Belledonne - "une course de cœur" qu'elle a remportée et qu'elle estime "Comme beaucoup de Grenoblois, parce qu'elle est dans Belledonne. Il y a du caillou, j'aime bien ça."

Un sport méconnu mais exigeant

Le raid aventure reste un univers à part dans le paysage sportif français. Cette discipline combine trail, VTT, kayak et épreuves techniques sur 4 à 6 jours d'effort continu en équipe mixte. "C'est de la très longue endurance en orientation", résume Sandrine. Ce qui rend ce sport unique, c'est l'obligation pour les quatre équipiers de rester ensemble en permanence, à moins de 50-100 mètres et à portée de voix. Cette contrainte ajoute une dimension psychologique majeure à la performance physique.

"Le côté mental est hyper important, évidemment le côté physique et le côté orientation", souligne la championne. Les équipes découvrent les cartes et l'itinéraire seulement au moment du départ, sans possibilité de reconnaissance préalable du terrain.

90 heures d'enfer dans les Andes équatoriennes

Le défi équatorien était d'une ampleur exceptionnelle. Départ de Cuenca à 2600 mètres d'altitude - "on est déjà au sommet du massif de Belledonne et vous n'êtes qu'au bas des difficultés" - pour 500-700 kilomètres parcourus principalement au-dessus de 3000 mètres, avec des passages jusqu'à 4000 mètres d'altitude.

Sur 90 heures de course, l'équipe française n'a dormi que 4h30 au total. "Dans les 4h30, il y a à la fois ce qu'on s'autorise, les vrais dodos où on dort en général 1h30. Donc il y a peut-être 2 repos de 1h30. Et puis, quelques fois, on voit que ça ne va pas, qu'il y en a un qui n'est pas bien", détaille Sandrine. Les micro-siestes de 20 minutes s'improvisent sur le chemin : "Moi, je n'enlève même pas le sac, j'enlève la bretelle, je le remonte, ça fait l'oreiller et voilà."

La préparation, un paramètre crucial

Face à ces conditions extrêmes, l'équipe française avait pris la précaution de s'acclimater une semaine avant l'épreuve, effectuant 5-6 jours d'entraînement entre 3500 et 4000 mètres. "C'était vraiment nécessaire parce que ça a été quand même un petit peu dur l'altitude."

Une logistique d'horloger

Chaque transition entre disciplines nécessite une organisation millimétrée. Dans des caisses de 23 kg maximum pour 4 personnes, les équipes doivent anticiper tous leurs besoins. "Au début, vous rêvez, vous vous dites que vous allez mettre des bonnes petites choses à manger et puis finalement, vous les enlevez et vous ne mettez que l'essentiel parce que ça ne rentre pas."

La nourriture est pré-calibrée par section avec une estimation de durée : "On a prévu que cette section allait durer 15 heures. On a les barres pour 15 heures. On arrive, on prend, on met dans le sac et toc." Les équipes préparent même des "pense-bêtes" pour optimiser chaque transition, car "ça ne sert à rien de s'arracher pour gagner quelques précieuses minutes en trail pour aller le plus vite possible et puis si vous perdez du temps à la transition."

L'épreuve de tous les dangers

Le parcours équatorien a multiplié les défis techniques. En kayak, l'équipe s'est retrouvée de nuit dans des rapides de classe 3 alors qu'on leur avait dit qu'ils pourraient les éviter. "On s'est renversé tout de suite les deux bateaux l'un sur l'autre au premier rapide. Donc, c'était un peu la cata."

Les épreuves de cordes ont ajouté leur lot de difficultés : rappel en canyon, remontée sur corde avec jumar. "Il ne faut pas avoir le vertige, peur de l'eau", résume Sandrine, qui insiste sur la polyvalence requise.

Un incident qui aurait pu tout faire basculer

Le moment le plus critique de la course s'est joué lors du chavirage nocturne. L'équipe a perdu un sac contenant du matériel obligatoire, notamment l'équipement de cordes. "On s'est dit à ce moment-là que la course était pliée. Et c'était une grosse déception morale."

Heureusement, la solidarité légendaire du raid aventure a joué : une équipe équatorienne qui abandonnait leur a prêté le matériel manquant. "C'était l'équipe 57 d'Équateur qui nous ont passé du matériel, ce qui nous a permis de continuer la course." La pénalité finale d'une heure seulement a représenté un soulagement immense.

Une lutte acharnée jusqu'au bout

Les Suédois, équipe professionnelle redoutable, ont maintenu la pression jusqu'à la fin. "Sur la dernière section de VTT, on part, on a les Suédois, ils sont 12 minutes derrière nous, et là, on avait vraiment une pression de folie." L'équipe française a alors puisé dans ses dernières réserves : "On a démarré au taquet alors qu'on était complètement fatigué."

Le moment de bascule s'est joué sur une via ferrata : "On était en haut de la falaise, et on a vu leur frontal arriver, donc on a compris qu'on avait 45 minutes d'avance. Passer de 10 minutes à 45 minutes, la tendance était quand même bonne." Les Suédois ont alors psychologiquement lâché prise.

Une victoire d'équipe exemplaire

Le succès repose sur une complémentarité parfaite des quatre membres de l'équipe "400 Team" : Sandrine Béranger pour son expérience et son mental, Adrien Lhermé pour ses capacités d'orientation exceptionnelles ("Une grosse partie des raisons pour lesquelles on est championne du monde, c'est qu'il y a Adrien Lhermé qui a fait une super orientation"), Benjamin Fayet et Sébastien Réchon pour leurs compétences techniques.

Cette équipe, qui partage "plein d'aventures" depuis des années, illustre l'esprit du raid aventure français : "Il y a une vraie entraide et une vraie amitié qui se crée entre tous les raideurs de France et même les étrangers, parce qu'on retrouve toujours les mêmes d'une épreuve à l'autre."

Un sport qui cherche sa reconnaissance

Malgré ce titre mondial, le raid aventure français reste dans l'ombre. Les équipes sont semi-professionnelles : "On n'en vit pas, malheureusement. On a tous un métier à côté." Sandrine espère que cette victoire changera la donne, même si elle reconnaît que "c'est peut-être un peu tôt" et que "c'est une problématique aussi de médias."

L'avenir proche reste incertain pour la championne du monde. Elle ne participera pas aux prochains championnats au Canada en septembre, privilégiant l'entrée en sixième de sa fille : "Une rentrée en sixième, ça ne se rate pas. Même pour défendre un titre de championnat du monde, c'est bien de garder aussi ses priorités."

En revanche, elle sera présente pour les championnats du monde 2026 qui se dérouleront en France, organisés par Raid in France : "Je pense que Seb et moi, on est remontés à bloc. Donc on sera là."

Cette victoire historique ouvre peut-être enfin la voie à une reconnaissance du raid aventure en France, discipline qui mélange performance sportive de haut niveau et valeurs humaines d'entraide et de solidarité.

 

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