Incendie à la voiture bélier : "Il ne faut plus que ça se reproduise", alerte l'Union de quartier

Au lendemain de l'attaque à la voiture bélier contre le bar du cours de la Libération, les habitants du secteur dénoncent une situation devenue insupportable. L'Union de quartier Foch-Aigle-Libération appelle à une meilleure coordination entre la Ville, la police et les riverains.

Un trou béant, une façade noircie et des débris de bois brûlé : le Bizertino est parti en fumée ce lundi 14 juillet peu avant 6 heures du matin. Mais au-delà des dégâts matériels, c'est le fracas de la voiture bélier projetée contre le bar du 57 boulevard de la Libération qui résonne encore dans l'esprit des habitants de cet immeuble de 9 étages. L'intervention d'une vingtaine de sapeurs-pompiers a permis d'éteindre rapidement les flammes et les résidents ont pu regagner leur logement. Aucun blessé n'est à déplorer, mais l'incident survient quelques jours seulement après qu'un homme a été grièvement blessé de quatre balles dans le dos au même endroit. L'enquête devra déterminer si ces faits sont liés.

"On sentait que ça pouvait mal finir"
"On sentait que ça pouvait mal finir... mais on ne pensait pas que ça prendrait de telles proportions", réagit à froid Clément Chappet, président de l'Union de quartier Foch-Aigle-Libération, qui représente 180 habitants du secteur. Selon lui, la situation s'est dégradée progressivement : "Ça faisait plusieurs mois que les riverains interpellaient l'Union de quartier concernant les nuisances répétitives dans ce quartier : ça a commencé par des empiètements sur le trottoir, des stationnements gênants, puis la situation a empiré. On nous a rapporté des rixes, et certains avaient vu des gens cacher des choses sous les voitures."

"Des alertes restées sans réponse concrète"
Face à cette escalade, l'Union de quartier dit avoir multiplié les démarches. "Nous avons interpellé plusieurs fois l'adjointe au maire de Grenoble en charge de la sécurité, par écrit. On nous a répondu que ce secteur était suivi en CLSPD [Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance], mais on n'a rien eu de palpable. On sentait que ce serait très long pour obtenir un renforcement des contrôles. Et on en est arrivé à cette extrémité, qui aurait pu être encore plus dramatique. Car finalement, personne n'a été blessé et personne n'a perdu son logement. Ça reste très choquant", poursuit Clément Chappet.

Un quartier résidentiel rattrapé par les trafics
Habitant du secteur depuis une dizaine d'années, Clément Chappet observe une transformation inquiétante : "C'était jusqu'ici un quartier préservé des nuisances et autre trafic de drogue. Petit à petit, le trafic s'est déplacé depuis le Lys Rouge jusqu'au 57 cours de la Libération. Ça pose question sur l'évolution de ce quartier résidentiel. Les habitants ne pensaient pas habiter un quartier qui pouvait être le théâtre d'une fusillade puis d'un incendie à la voiture bélier ! Ça renforce le sentiment d'insécurité des habitants qui font état d'un climat anxiogène, et manifestent aujourd'hui leur ras-le-bol."

Une mobilisation pour l'avenir du quartier
Très sollicitée depuis l'incident, l'Union de quartier prévoit de se réunir dans le courant de l'été pour décider des suites à donner. "On va déjà rassurer les habitants et riverains sur le fait que le bar ne rouvrira pas. Mais il va falloir savoir quelles mesures envisager pour éviter de tels phénomènes. L'idée, c'est que ça ne se reproduise plus !" Le président de l'Union de quartier insiste sur la nécessité d'une action coordonnée : "Il y a d'autres endroits avec des soucis de ce type. Ce qui est arrivé doit servir d'exemple pour éviter que ça dégénère. Donc il va falloir que l'action soit bien coordonnée entre la Ville, la Police et le quartier. Ce qui n'a pas été le cas ces derniers mois." conclut-il. L'enquête sur les circonstances de cet incendie criminel est en cours.